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Les réglementations appellent à la traçabilité contre le greenwashing

Dernière mise à jour : 12 sept. 2023

Les supply chains sont un facteur clé d'impact : les réglementations de l'UE et des États-Unis, existantes ou à venir, exigent une meilleure traçabilité et une plus grande responsabilité des acteurs face au greenwashing.



Vous ne pouvez contrôler que ce que vous mesurez : sans compteur de vitesse, il y a de fortes chances que vous ne respectiez pas les limitations. Pourtant, la plupart du temps, la communication des entreprises sur l'ESG ne repose pas sur une mesure de ce qui se passe dans la réalité.


L'empreinte carbone en est un bon exemple : le scope 3 (émissions des fournisseurs) est évalué à 11x plus que le scope 1 (émissions directes), selon un rapport de 2022 du Carbon Disclosure Project et du Boston Consulting Group (BCG). Cependant, le rapport évalue que 91% des entreprises sont incapables de mesurer leurs émissions de scope 3. En bref, 91% des déclarations de leur empreinte carbone par les entreprises sont sous-estimées par un facteur de 11.


Il en va de même pour le travail forcé et le travail des enfants : 150 millions d'enfants (dont la moitié a moins de 11 ans) sont soumis au travail forcé, 45 millions d'adultes sont soumis à l'esclavage moderne. Ils sont à la source du cobalt, du coton, de la laine, du cacao, des noix, etc. Cependant, ce sourcing est externalisé suffisamment loin pour être profondément enfoui dans la supply chain, jusqu'à en être invisible dans les rapports ESG du S&P 500. En bref, la supply chain est l'angle mort de l'ESG.


Il est évident que tracer la supply chain et ses impacts est quelque peu complexe : au cours des 20 dernières années, l'accent a donc été mis sur la vitesse de développement du commerce plutôt que sur la mesure et le contrôle des supply chains. Mais depuis quelques années, la réglementation évolue, avec un accent accru sur la responsabilité.


La Commission européenne appelle à la fin du jeu du "green washing" avec la Taxonomie verte (Green Taxonomy) ; avec la Loi sur les services numériques (Digital Services Act), l'UE appelle à mettre un terme au volume étonnant de produits frauduleux vendus par les grandes plateformes de e-commerce. Aux États-Unis, l'accent est mis sur le travail forcé avec la loi sur la prévention du travail forcé (Forced Labor Prevention Act) ; et il en va de même dans le Commonwealth.


Il y a deux évolutions clés :

1) l'inversion de la charge de la preuve : sur des sujets éthiques clés, les entreprises doivent prouver leur conformité, sinon elles peuvent être considérées comme "coupables" (de travail forcé, par exemple) ;

2) la responsabilité de bout en bout : on assiste à un renforcement global du devoir de diligence, les entreprises étant considérées comme responsables de bout en bout, y compris de ce qui se passe dans leur supply chain.


En bref, la traçabilité auditable et de bout en bout devient de facto une "licence d'exploitation" pour les industries. Les entreprises avec lesquelles nous travaillons ne se contentent pas de créer une capacité stratégique : elles démontrent tout simplement que cette avancée est possible. Par Matthieu Hug, co-fondateur & CEO @Tilkal

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